Portrait d’une working girl : Secrétaire de Rédaction

Décline ton identité

Lise, 27 ans, secrétaire de rédaction depuis un an.

Au boulot, quel est ton domaine d’expertise ?

Je travaille dans un magazine hebdomadaire gratuit. Je m’occupe de la relecture de ce dernier une fois qu’il a été mis en page. Je corrige la syntaxe, les fautes d’orthographe, de grammaire…, je vérifie aussi les données, les références et l’exactitude des faits. Par exemple s’il s’agit du portrait d’une chanteuse et que l’on parle de son dernier album, je m’assure que tout concorde dans les dates, dans les titres… Je contrôle aussi les noms des personnes citées dans le magazine, les prix des produits que le magazine présente en idées shopping ainsi que les adresses des sites internet…, je veille à ce qu’il n’y ait pas de répétitions, et que la lecture soit agréable et compréhensible.

En bref, mon rôle est de garantir la bonne qualité du magazine.

Ta mission, si tu acceptes de nous la dévoiler

Comment se passe une journée de travail ?

Les textes arrivent les uns après les autres, au coup par coup, donc on les corrige au fur et à mesure de leur arrivée dans notre bureau. Je travaille en équipe avec ma chef directe. On se répartit le travail en deux lectures minimum pour chaque texte. Et une fois que c’est validé, on le transmet à la rédactrice en chef pour qu’elle puisse envoyer le Bon À Tirer (ndlr : le Bon À Tirer – BAT – est la maquette du magazine prête à être imprimée).

Est-ce que justement, ce n’est pas fastidieux de relire plusieurs fois les mêmes textes ?

Chaque lecture est unique car à la première, je m’occupe de la compréhension du texte et de la syntaxe puis pour la deuxième, des fautes et de l’exactitude des données. De plus, j’essaie de relire d’abord une version sur papier, puis sur l’écran d’ordinateur. Ça me permet d’avoir un regard différent à chaque étape.

Quels sont les événements marquants de ta carrière : par exemple ton plus beau challenge ou le plus difficile que tu aies dû relever ?

Il y a toujours beaucoup de travail et il faut être attentive à chaque mot. On est souvent tentée de relire encore et toujours les textes et le challenge le plus difficile peut-être est de s’arrêter, de savoir dire stop, car il faut que les textes partent pour le BAT final du magazine. On sait qu’on trouvera toujours une petite faute, même au bout de 4 ou 5 relectures. Il faut savoir lâcher prise, ce qui est assez dur.

Quels sont les aspects les plus difficiles et les plus cool ?

Le plus difficile, souvent ce sont les deadlines, surtout dans un hebdomadaire. Ce n’est pas rare que les textes arrivent tardivement, donc il faut être extrêmement réactive sur les corrections. Parfois les pages sont totalement revues et recalibrées au dernier moment. Il faut être très attentive et on ne peut pas se permettre d’avoir la tête ailleurs. Il faut être à cent pour cent concentrée dans nos lectures. Secrétaire de rédaction, c’est un travail de minutie.

L’aspect le plus fun c’est de faire partie de la vie du journal. On peut apporter ses idées et contribuer au contenu en lui-même. C’est une ambiance très familiale. En plus, j’ai la chance d’être dans un magazine qui me correspond bien, j’aime ce que je lis tous les jours, les articles sont intéressants, ils ont un coté rigolo et décalé. Je ne le vois pas seulement comme un travail, mais aussi comme un plaisir.

Le magazine étant un hebdo, toutes les semaines ca se renouvelle, ce n’est jamais la même chose !

Pourquoi as-tu choisi ce métier ?

Est-ce le métier que tu désirais faire depuis toujours ou y es-tu arrivée par hasard ?

J’ai eu un parcours assez éclectique, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire en sortant du lycée. J’ai d’abord fait du droit, puis ensuite de l’enseignement et finalement je me suis dirigée vers l’édition car j’apprécie lire et c’est un milieu qui me plaisait. J’ai un ami qui est lui aussi dans la presse et il m’a fait découvrir ce métier de secrétaire de rédaction que je ne connaissais pas du tout. J’ai tout de suite senti que ça pouvait me plaire. J’ai repris mes études dans ce secteur, ce qui m’a permis de faire un stage au magazine Public. Ça m’a conforté dans mon choix. J’ai senti que je pourrais faire ce métier toute ma vie sans problème.

Quel parcours as-tu suivi pour en être là aujourd’hui ?

J’ai fait un master 2 à la Sorbonne Nouvelle à Paris 3, Lettres appliquées aux techniques éditoriales et à la rédaction professionnelle. Ce master prépare à tous les métiers concernant les écrits professionnels quels qu’ils soient. Par exemple, un de nos intervenants était rédacteur des débats à l’Assemblée nationale. On y apprend les signes de correction, à faire des fiches de lecture, comment utiliser les logiciels de traitement de texte et de PAO…  Pour faire ce master 2, il me fallait un M1 validé, qu’importe la spécialisation de celui-ci. Tout le monde peut le tenter. Il ne faut pas spécialement venir du milieu de l’édition. Il faut envoyer son dossier d’inscription, passer des examens écrits et oraux, et enfin un entretien. Pour ma part, j’avais déjà fait des petits stages dans la presse avant, ce qui aide à montrer la motivation. Et c’est à l’occasion de ce master que j’ai effectué mon stage chez public.

C’est difficile d’intégrer le monde de la presse, même pour un stage, as-tu des conseils pour nos lectrices ?

Je me souviens être allée dans un kiosque à journaux et j’avais pris en photo, dans toutes les publications qui m’intéressaient, l’ours, qui correspond à l’encadré regroupant les contacts des personnes travaillant à la rédaction du magazine, pour pouvoir les contacter ensuite et leur envoyer ma candidature.

Public a été très intéressé par un poste de stagiaire en secrétariat de rédaction car peu de personnes leur envoyaient des candidatures. J’ai eu très rapidement un entretien et ils ont bien aimé mon profil. J’ai été très bien formée dans cette rédaction. Ce fut une expérience vraiment bénéfique. À la suite de mon stage, j’ai envoyé plein de candidatures à toutes les rédactions de magazines dont Stylist, qui venait d’être lancé en France depuis deux semaines. J’ai repéré, une fois de plus, leurs coordonnées dans l’ours de leur magazine et dès le lendemain, je leur envoyais mon CV. Étant un magazine récent, ils avaient besoin de quelqu’un très vite. La semaine d’après, je passais un entretien chez eux. J’ai eu de la chance et j’ai surtout su saisir l’occasion. Je ne suis pas passée par les sites des groupe de presse car, bien souvent, les rédactions puisent dans les CV qu’ils ont reçus, sans passer par les RH du groupe.
Du coup, il ne faut pas hésiter à envoyer sa candidature directement à la rédaction. Il faut vraiment aller à la recherche des opportunités.

Est-ce que ton métier te plaît toujours ? 
Mon métier me plaît toujours et je m’y sens très bien ! Je ne me suis pas  trompé de voie.

Ta passion est-elle ton métier ? Sinon comment réussis-tu à l’intégrer dans ta vie ?  
Mon métier n’est pas ma passion première. Je suis passionnée par la littérature donc ça aide beaucoup. J’ai réussi à allier mon goût pour la lecture et ma carrière ce qui est très sympa. Mais sinon, ce qui m’anime dans la vie, ce sont les relations humaines et sociales. J’ai à cœur de voir mes amies chaque semaine et j’arrive très bien à concilier vie privée et vie professionnelle. Je ne rapporte jamais de travail à la maison et la plupart du temps, j’arrive à déconnecter du boulot quand j’en sors. En plus, comme ce magazine est un gratuit distribué dans les transports en commun, il cesse donc de paraître l’été voire pour les fêtes de fin d’années, puisqu’il y a peu de gens qui prennent le métro à ces périodes. Ce qui fait que je suis sûre de pouvoir prendre des vacances plus facilement que dans un autre domaine. Je peux profiter de mon temps libre.

De manière générale, te vois-tu comme une conquérante et pourquoi ?

Je ne suis pas carriériste, je ne veux pas faire l’amalgame. Mais quand j’ai envie de quelque chose, je ne lâche pas l’affaire. Je fais tout pour l’avoir. Je suis toujours motivée quoi qu’il arrive, je continue à y croire. Je suis plutôt optimiste, je ne baisse pas les bras et j’essaie toujours de voir le bon coté des choses, de les prendre avec le sourire.

Quelles sont tes envies de carrière, tes projets futurs ?

J’aime le poste que j’occupe pour le moment. Ensuite dans quelques années, mon objectif de carrière serait de passer au grade au dessus et devenir secrétaire générale de rédaction. Ou pourquoi pas, un jour, tenter un poste davantage tourné sur de la rédaction d’articles. Mais il y a des métiers que je ne voudrais pas exercer, par exemple rédactrice en chef, qui comprend énormément de responsabilités, demande vraiment beaucoup de temps et dévie vers un métier plus commercial. Comme je le disais, je ne suis pas carriériste et j’ai envie d’avoir une vie privée dont je puisse profiter, donc le poste de secrétaire générale de rédaction peut m’apporter cet équilibre.